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Pourquoi "elles se sont parlé" et "elles se sont disputées" ?

 En fait, la question n’est pas de connaître la raison pour laquelle on en est arrivé à une telle situation, mais de comprendre pourquoi le participe passé "parlé" ne s’accorde pas alors que "disputées" s’accorde.

 

Vous l’aurez compris, on va s’attaquer là à l’une des règles les plus compliquées de la grammaire française : les accords du participe passé avec les verbes pronominaux 😰

 

Mais pas de panique, c’est beaucoup moins complexe qu’il n’y paraît (mais si, je vous assure !), et nous n’allons pas entrer dans des détails qui ne me paraissent pas indispensables pour répondre à ce qui nous intéresse présentement.

 

Un petit rappel pour commencer :

 

On appelle pronominaux, les verbes qui se conjuguent avec le pronom personnel "se" qui reprend le sujet.

 

Ce pronom "se" est réfléchi lorsque l’action faite par le sujet s’exerce sur lui-même.
Il a le sens de "soi-même".

Exemple : se laver (soi-même) = Je me lave (moi-même), tu te laves (toi-même), il/elle se lave (lui/elle-même), nous nous lavons (nous-mêmes), vous vous lavez (vous-même[s], ils/elles se lavent (eux/elles-mêmes).

 

Il peut également être réciproque lorsque plusieurs sujets exercent des actions l’un sur l’autre ou les uns sur les autres.
Il a dans ce cas le sens de "l’un(e) l’autre" ou "les un(e)s les autres".

Exemple : Nous nous parlons (l’un[e] l’autre ou les un[e]s les autres), vous vous aimez (l’un[e] l’autre ou les un[e]s les autres), ils se détestent (l’un l’autre ou les uns les autres), elles s’adorent (l’une l’autre ou les unes les autres).

 

Vous me suivez ?

 

Bien ! Maintenant, il s’agit de savoir si l’on accorde ou non le participe passé de ces verbes avec leur sujet pour répondre à la question initiale :

 

Pourquoi écrit-on « elles se sont parlé » et « elles se sont disputées » ?

 

 

Pour ce faire, il suffit de remplacer l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir et de vérifier si la réponse à la seule question QUI ? ou QUOI ? (et non à la question à qui ? ou à quoi ?) se trouve bien avant le participe passé.

Si c’est le cas, on accorde, sinon on n’accorde pas.

 

Exemple : Elles se sont disputé(?) toute la journée.
                => Elles ont disputé | qui ?
                => On connaît déjà la réponse (
se = l’une l’autre) puisque celle-ci se trouve avant le participe passé
                => On doit donc accorder = Elles se sont
disputées toute la journée.

 

                Vous (= masculin) vous êtes lavé(?) avant de vous coucher.
                => Vous avez lavé | qui ?
                => On connaît déjà la réponse (
vous =vous-mêmes) puisque celle-ci se trouve avant le participe passé
                => On doit donc accorder = Vous vous êtes
lavés avant de vous coucher.

 

                Elles se sont lavé(?) les mains avant de passer à table.
                => Elles ont lavé | quoi ?
                => On ne connaît pas encore la réponse (les mains) puisque celle-ci se trouve après le participe passé
                => On ne doit donc pas accorder => Elles se sont lavé les mains avant de passer à table.

 

                Elles se sont parlé(?) au téléphone.
                => Elles ont parlé | qui ? quoi ?
                => Il est impossible de répondre (la question logique étant à qui ? car on parle à quelqu’un)
                => On ne doit donc pas accorder = Elles se sont parlé au téléphone.

 

Facile, non ? Allez ! on continue…

 

                Les enfants se sont battu(?) pendant la récréation.
                => Les enfants ont battu | qui ?
                => On connaît déjà la réponse (
se = eux-mêmes) placé avant le participe passé
                => On doit donc accorder = Les enfants se sont
battus pendant la récréation.

 

                Nous (= féminin) nous sommes promené(?) autour du lac.
                => Nous avons promené | qui ?
               
=> On connaît déjà la réponse (
nous = nous-mêmes) placé avant le participe passé
                => On doit donc accorder = Nous nous sommes
promenées autour du lac.

 

Etc., etc., etc.

 

Attention au verbe se succéder qui est souvent mal analysé.

 

Exemple : Les averses se sont succédé(?) toute la nuit.
                => Les averses ont succédé | quoi ?
               
=> Il est impossible de répondre (la question logique étant à quoi ?
                      car
on succède à quelque chose ou à quelqu’un)
                => On ne doit donc pas accorder = Les averses se sont succédé toute la nuit.

 

Alors ? Vous trouvez que c’est si complexe que ça ?

 

En plus, vous aurez sûrement remarqué que je n’ai jamais employé les "gros mots" COD(1) et COI(2) 😊

 

Vous savez maintenant parfaitement pourquoi on écrit "elles se sont parlé" et "elles se sont disputées", même si l'on n’en connaîtra jamais la raison 😂 😂 😂

 

Retrouvez plein d'autres astuces dans mon ouvrage Mes 100 astuces en orthographe  😉

 

 

 

(1) Le COD (complément d’objet direct) désigne la personne ou l’objet sur lequel porte l’action. C’est un complément qui est directement rattaché au verbe (sans préposition) et qui répond aux questions qui ? ou quoi ? posées après le verbe.

 

(2) Le COI (complément d’objet indirect) est un complément qui est indirectement rattaché au verbe par l’intermédiaire d’une préposition (à, de) et qui répond aux questions à qui ? à quoi ? ou de qui ? de quoi ? posées après le verbe.