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"Euro" s’écrira peut-être bientôt "heuro" !!!

C’est quoi ce binz vous dites-vous ? D’où sort-elle ce scoop ?

 

Pas de panique ! je vous explique

 

Avez-vous remarqué qu’il était presque devenu exceptionnel de faire les liaisons avec le mot "euro", comme si ce dernier s’écrivait " heuro " avec un h aspiré(1) ?

 

Ce phénomène tend à se généraliser dans les médias, jusque dans les publicités qui sont, me semble-t-il, censées être passées par différents acteurs et professionnels de la communication avant leur diffusion sur les antennes.

  

Mais alors pourquoi tant de je-m’en-foutisme ?

  

Le nom "euro" commence par une voyelle, comme le nom "an". On doit donc lui attribuer toutes les liaisons, comme on le ferait avec "an".

Exemples :

On dit sans problème : Dans vingt-T-ans il aura cent-T-ans.
On doit donc dire : Il me manque vingt-T-euros (20 €) pour atteindre cent-T-euros (100 €)
et non : Il me manque vingt-H-euros pour atteindre cent-H-euros.

De la même façon que l’on dit : Pépé a fêté ses quatre-vingts-Z-ans,
on doit dire : J’ai dépensé quatre-vingts-Z-euros (80 €),
et non J'ai dépensé quatre-vingts-H-euros.

On dit également spontanément : Il y a mille trois cents-Z-ans.
On doit donc dire : Ce canapé m’a coûté mille trois cents-Z-euros (1 300 €)
et non : Ce canapé m'a coûté mille trois cents-H-euros.

En revanche, si ce canapé ne coûtait que 1 100 €,
il faudrait dire : Ce canapé ne m'a coûté que mille cent-T-euros
et non : Ce canapé ne m'a coûté que mille cent-H-euros, ou pire Ce canapé ne m'a coûté que mille cent-Z-euros,
car rappelons-le, 1 100 €, c'est 1 000 (mille) €  + 1 x 100 (cent) €.

 

Vous l’aurez compris, remplacer mentalement le mot "euro" par le mot "an" est une astuce qui permet de savoir si l’on doit ou non faire la liaison.

Encore faut-il connaître la règle d’accord des adjectifs numéraux.

Je pense en effet (et je pressens là un futur petit article à ce sujet), que la généralisation d’absence de liaison avec "euro" vient du fait que nombre de personnes ne savent pas si l’adjectif numéral vingt ou cent qui le précède prend un S ou pas (ben oui ! parce qu’en dehors de ces deux cas, les liaisons sont rarement négligées, et tout le monde s’accorde à dire un-N-euro, deux-Z-euros, etc.), et craignent de faire ce que l’on appelle un pataquès(2) comme vingt-Z-euros ou quatre-vingts-T-euros ou encore trois cents-T-euros.

 

Dans le doute, il semble donc devenu coutumier de n’effectuer aucune liaison, ce qui non seulement constitue une faute à l’oral, mais de surcroît nuit à l’écrit.

Mais puisque la langue française est une langue vivante, changeant au gré des usages, de la façon de parler ou des habitudes d'écriture, peut-être que, comme je l’intitulais, "euro" s'écrira bientôt "heuro", et par souci de cohérence "Europe", "européen(ne)", etc. s’écriront probablement "Heurope", "heuropéen(ne)", etc. grâce, entre autres, aux professionnels de la communication qui semblent avoir déjà adopté cette hypothétique réforme.

 

Elle ne serait pas plus simple la vie ? #simplifionslorthographe #ironie

 

Voilà ! #fallaitqueçasorte ! #ahçafaitdubien !

Retrouvez plein d'autres astuces dans mon ouvrage Mes 100 astuces en orthographe  😉

(1) On appelle aspiré un « h » qui n’admet pas l’élision, c’est-à-dire l’effacement de la dernière voyelle d’un mot devant une autre voyelle (le signe de cette élision étant l’apostrophe) pour éviter un hiatus (un hiatus est la rencontre de deux voyelles prononcées, à l'intérieur d'un mot [ex. aérer], ou entre deux mots énoncés sans pause [ex. il a été]).
Ex. : On dit/on écrit « la haine, le hamac, le hibou, la honte… » => On ne peut pas dire/écrire « l’haine, l’hamac, l’hibou, l’honte… ».
Le « h » muet, quant à lui, admet l’élision.
Ex. : On dit/on écrit « l’écriture », et non « la écriture », « il faut qu’il vienne », et non « il faut que il vienne », « c’est l’heure », et non « c’est la heure ».

(2) Un pataquès est une liaison fautive. Le mot pataquès proviendrait de la formation humoristique de l’expression fautive « Je ne sais pas-t-à qui est-ce », à laquelle il était répondu « Ce n’est pas-t-à moi ».